Gilbert Poissant
Murale (1988)
Terre cuite émaillée
Œuvre restaurée avec la participation financière du ministère de la Culture et des Communications du Québec
Emplacement : mezzanine
Pour rester dans l’atmosphère d’une promenade à Outremont, l’artiste a transposé les éléments architecturaux observés dans le quartier. L’agencement des blocs de terre cuite émaillée et les formes arquées de l’œuvre participent à l’élégance incontestée de la station.
Le saviez-vous?
Les centaines de blocs qui composent cette murale comptent pas moins de 1 436 variations de glaçures céramiques.
À propos de l’artiste
Né à Iberville en 1952, Gilbert Poissant s’exprime surtout par la sculpture, l’installation et la murale de céramique. Il a réalisé plusieurs projets d’intégration d’art à l’architecture de bâtiments, notamment à l’hôtel Intercontinental de Montréal.
Source : page Info STM du 29 juin 2004
Avec son splendide puits de lumière, son authentique réverbère et sa vaste murale inspirée de l’architecture du quartier qu’elle dessert, la station Outremont est sans contredit une des plus belles réussites du métro de Montréal. Cette murale, on la doit à l’artiste Gilbert Poissant, né en 1952 à Iberville. «Je n’ai pas choisi de devenir artiste, c’est la vie qui m’a mené vers ce métier. J’étudiais la géographie à une époque où les grèves étaient fréquentes à l’université. Je passais mes temps libres dans un atelier communautaire, où j’ai développé un intérêt pour la céramique. Par la suite, j’ai perfectionné mon art dans plusieurs écoles spécialisées au Québec, en Alberta et en France. J’ai également été inspiré par le travail de Maurice Savoie, un des artistes de la station McGill. Comme lui, je suis un céramiste qui se spécialise dans la recherche, l’art public et les œuvres uniques.»
«J’ai réalisé ma première murale intégrée à un lieu public en 1982. Peu de temps après, j’étais un des douze artistes invités à soumettre un projet pour la station de métro Outremont. J’ai proposé de réaliser une murale avec le même bloc de terre cuite que l’on allait retrouver dans l’ensemble de la station, ce qui a été accepté. J’ai su par la suite que mon âge avait orienté le choix du jury: puisque les architectes de la station (Dupuis, Chapuis et Dubuc) étaient assez jeunes, il était logique de faire appel à un jeune artiste. Il faut tout de même reconnaître qu’il s’agissait d’un contrat d’envergure pour un jeune artiste comme moi. C’était la première fois que je réalisais quelque chose d’aussi gros en termes de dimensions, de budget à gérer et de contraintes techniques. Pour moi, ce projet a été une grande école!»
Un énorme défi technique
La murale de Gilbert Poissant rappelle les éléments les plus marquants et les plus représentatifs de l’architecture d’Outremont. «Je me suis promené à travers le quartier et j’ai pris des photos de plusieurs bâtiments, autant des maisons privées que des lieux publics comme les écoles, les bibliothèques et les églises. Je n’ai pas reproduit un bâtiment en particulier, j’ai fusionné le tout et j’en ai fait une interprétation personnelle. C’est une murale en plusieurs sections, qui apparaît ici et là le long du mur, qui ne part de rien et qui finit à rien. Il s’agit donc d’une intégration totale de l’art à l’architecture. Je n’ai pas étudié les œuvres des autres stations du réseau, car lorsque je réalise une œuvre d’art public, j’essaie le plus possible de m’inspirer du lieu desservi et des matériaux utilisés sur place.»
«Cela ne paraît pas trop lorsqu’on la regarde, mais cette murale représentait pour moi un énorme défi technique. Mon projet était tout en couleurs et je devais produire des centaines de pièces différentes avec des glaçures céramiques. Je me souviens encore du nombre exact de variations: 1436 en tout! Étant incapable de produire toutes ces pièces dans mon atelier, je me suis installé quelques mois à Deschaillons, dans la briqueterie qui fabriquait les blocs de terre cuite utilisés dans la station. Puisqu’il s’agissait d’une argile très poreuse, cuite dans d’immenses fours où les températures varient beaucoup, cela a été très difficile sur le plan technique de développer des glaçures capables de tenir le coup.»
La vedette du jour
Des quatre stations de la ligne bleue qui ont ouvert leurs portes le 4 janvier 1988, la station Outremont est celle qui a récolté le plus de commentaires positifs, si on se fie au nombre impressionnant de photos publiées dans les journaux du lendemain. «Tant qu’à réaliser une murale dans le métro, j’ai bien aimé le faire pour la station Outremont», précise Gilbert Poissant. «C’est une station assez petite, mais que j’aime beaucoup à cause de son architecture soignée. Je suis très heureux d’avoir été choisi comme artiste de cette station.»
En plus de sa murale à la station Outremont, Gilbert Poissant a réalisé plusieurs projets d’intégration d’art à l’architecture de bâtiments publics et privés, notamment à l’École nationale d’administration publique (ENAP) de Québec et à l’hôtel Intercontinental de Montréal. Il ne dirait pas non à un autre projet dans le métro de Montréal. «Avec l’expérience professionnelle que je possède aujourd’hui, je réaliserais sans doute une œuvre bien différente. Je ne renie absolument pas cette murale de la station Outremont, mais elle fait partie de mes»œuvres de jeunesse». Si j’avais à créer une œuvre avec quinze ou vingt années de métier de plus, ce serait possiblement une œuvre plus forte, plus personnelle.»