Axel Morgenthaler
.98 (2007)
Acier inoxydable et diodes électroluminescentes
Programme d’intégration des arts à l’architecture du gouvernement du Québec
Emplacement : corridor
Ces deux murales se composent de 98 luminaires trichromes formant deux triangles et un hexagone au centre. Les images évoquent l’iconographie des Incas, les éléments de la nature, la photographie thermique et les observations astronomiques.
Le saviez-vous?
Comme sur un écran, les trois couleurs de base (rouge, vert et bleu) permettent la reproduction de millions de couleurs.
À propos de l’artiste
Né à Berne (Suisse) en 1964, Axel Morgenthaler a étudié l’électronique et le théâtre avant de fusionner ces deux disciplines. Se définissant comme un sculpteur de lumière, il a signé plus d’une centaine de conceptions d’éclairage et de scénographie.
Source : page Info STM du 9 novembre 2007
Bien que la lumière soit présente un peu partout dans le métro, parfois de façon surprenante comme à la station de la Savane où d’immenses globes donnent une ambiance surréelle au lieu, il n’y avait jusqu’à tout récemment aucune œuvre lumineuse digne de ce nom dans le réseau montréalais. Bien sûr, l’idée avait été envisagée durant les années 1970 et 1980 mais la fragilité des installations lumineuses de l’époque avait découragé les artistes et les architectes d’emprunter cette voie. Heureusement, la technologie a beaucoup progressé depuis et en avril dernier, à l’occasion du prolongement du métro à Laval, la station Henri-Bourassa recevait la première œuvre lumineuse du réseau, deux murales réalisées par Axel Morgenthaler.
Né à Berne (Suisse) en 1964, Axel Morgenthaler a étudié l’électronique et le théâtre avant de fusionner ces deux disciplines pour devenir concepteur visuel. Au cours des 20 dernières années, il a signé une centaine de conceptions d’éclairage et de scénographie. Pour lui, la lumière est l’équivalent de la matière pour le sculpteur. «En fait, je me définis parfois comme un sculpteur car la lumière se manipule comme n’importe quelle autre matière, malgré ses propriétés physiques différentes. La lumière est d’autant plus fascinante que très peu d’artistes l’utilisent réellement. La plupart conçoivent des objets, mais ceux-ci n’existeraient pas dans notre imaginaire et dans la réalité s’ils n’étaient pas illuminés, de façon naturelle ou artificielle. J’ai donc décidé, au lieu de créer des objets, de créer de la lumière pour réinterpréter le monde.»
L’œuvre .98
Intitulée .98, l’œuvre d’Axel Morgenthaler à la station Henri-Bourassa consiste en deux murales installées aux extrémités de l’escalier reliant le nouveau quai de la station au corridor principal. Chaque murale compte 98 luminaires trichromes formant deux triangles et un hexagone au centre. Les triangles à gauche et à droite servent de flèches lumineuses indiquant les directions des corridors et prolongent l’hexagone central pour créer un écran lumineux dont la forme rappelle celle d’un rhomboïde. L’œuvre évolue à chaque moment du jour, mais le passant peut saisir l’essentiel du mouvement en moins de deux secondes. Il se situe à la frontière où la lumière peut être perçue comme des images kaléidoscopiques mais aussi comme des images figuratives. Ces images rappellent l’iconographie des Incas, les éléments de la nature, la photographie thermique et les observations astronomiques.
«En créant cette œuvre, je me suis demandé comment elle serait perçue dans un lieu qui est pratiquement à l’opposé d’une galerie d’art ou d’un musée. Quel est l’état d’esprit d’un voyageur face à une œuvre d’art dans la rapidité du quotidien? Au début, on m’a demandé de créer une œuvre pouvant être comprise en dix secondes. Je suis allé sur place et je me suis rendu compte que dans ce corridor, quand on marche de l’extrémité à l’autre de l’œuvre, il s’écoule à peine deux secondes! À l’heure de pointe, le mouvement de la foule s’apparente au courant d’une rivière: les gens ne peuvent tout simplement pas s’arrêter. Ils ont juste le temps de tourner la tête, regarder l’œuvre, retourner la tête et continuer leur chemin. En ce sens, mon œuvre s’apparente à une petite intervention de chiropraticien, mais en lumière!»
Un art nouveau
Pour cette œuvre permanente dans le métro, l’artiste a utilisé des diodes électroluminescentes (DEL) qui consomment peu d’énergie et dont la durée de vie s’étend de 75 000 à 100 000 heures. En tenant compte du fait que l’installation est allumée 19 heures par jour à 50 % d’intensité en moyenne, ces diodes n’auront pas à être remplacées avant une bonne vingtaine d’années! Comme sur un écran de télévision, les trois couleurs de base (rouge, vert et bleu) permettent la reproduction de millions de couleurs. Un contrôleur d’éclairage, sorte de petit ordinateur industriel, coordonne le mouvement des images. «Il y a un décalage entre les deux murales, ce qui permet de vivre une expérience différente au haut et au bas de l’escalier. Je suis très content du résultat car l’œuvre est plutôt dynamique et c’est exactement ce que je voulais. Ce projet fut une très belle expérience et je suis ravi que la lumière soit finalement entrée dans le métro!»
Auteur à l’automne 2007 d’une autre œuvre lumineuse, cette fois pour le Quartier des spectacles, Axel Morgenthaler estime que l’art de la lumière a de belles années devant lui, non seulement sur la scène mais aussi dans l’espace public. «La conception lumineuse est relativement jeune quand on la compare à la conception musicale: à peine cent ans en tant que profession. C’est encore très jeune et l’art lumineux dans l’espace public l’est encore plus. Bien sûr, il y a eu énormément de développements technologiques au cours des vingt dernières années. Mais au-delà de ce progrès technologique, il y a une prise de conscience que la lumière est un élément majeur dans la création d’un environnement. Que ce soit à l’intérieur de notre domicile ou dans l’espace urbain, la lumière joue un rôle primordial dans notre bien-être.»