Lyse Charland Favretti et Pierre Osterrath
Verrières (1984)
Verre antique, verre et résine
Œuvre restaurée avec la participation financière du ministère de la Culture et des Communications du Québec
Emplacements : édicules nord et sud
Lyse Charland Favretti et Pierre Osterrath ont réalisé pas moins de cinq verrières, quatre dans l’édicule nord et une dans l’édicule sud. Celles de l’édicule nord portent notamment sur l’éducation et l’histoire de Saint-Laurent, et celle de l’édicule sud sur l’aéronautique.
Le saviez-vous?
Pierre Osterrath a réalisé six verrières pour le métro de Montréal, réparties dans trois stations : Berri-UQAM, Charlevoix et du Collège.
À propos des artistes
Née à Montréal en 1948, Lyse Charland Favretti a réalisé plusieurs verrières intégrées à des édifices publics ou à des intérieurs résidentiels. Né en Hony (Belgique) en 1939, Pierre Osterrath a émigré au Québec en 1953 et a poursuivi la tradition familiale de l’art du verre.
Source : page Info STM du 25 mars 2003
On ne le répètera jamais assez: la réalisation du métro de Montréal a été le fruit d’un véritable travail d’équipe entre les architectes, les ingénieurs, les artistes et tous les ouvriers qui ont participé à sa construction. S’il y a un endroit où ce travail d’équipe a été déterminant, c’est bien à la station du Collège. Celle-ci a été conçue par deux architectes, Gilles Bonetto et Jacques Garand, qui ont retenu les services de deux artistes-verriers, Lyse Charland Favretti et Pierre Osterrath. Cette méthode de travail a plutôt bien servi la station, une des belles réussites du réseau montréalais.
Née à Montréal, diplômée de l’École des Beaux-Arts en 1969 et de l’UQAM (arts plastiques) en 1972, Lyse Charland Favretti met sur pied en 1981 un atelier de conception et de réalisation de vitraux, de murales et de sculptures de verre: Production Verre. Elle y travaille en collaboration avec le verrier Pierre Osterrath, qui compte déjà à son actif les verrières de deux stations de métro, Berri-UQAM (avec Pierre Gaboriau) et Charlevoix (sous la direction de Mario Merola). «C’est à ce moment que l’architecte Gilles Bonetto nous a approchés pour réaliser les cinq verrières de la station du Collège. Je venais tout juste de compléter une très grande verrière pour le centre d’accueil de Sutton, un autre projet dirigé par Bonetto. Mais les deux contrats n’étaient pas du tout liés.»
L’histoire de Saint-Laurent en verrières
Les deux artistes-verriers décident de scinder le contrat de la station du Collège en deux parts égales. Lyse Charland Favretti réalisera deux grandes verrières, une dans chaque accès de la station, tandis que Pierre Osterrath se chargera des trois autres verrières, deux petites et une grande, toutes situées dans l’accès nord. Les thèmes des verrières sont imposés par l’architecte Gilles Bonetto, qui puise son inspiration dans l’histoire de Saint-Laurent, à l’époque une municipalité de l’île de Montréal. C’est aussi l’architecte qui dessine l’immense colonne ionique située dans l’accès nord de la station. «Gilles Bonetto donnait beaucoup d’importance à l’art. Il s’impliquait cependant un peu trop dans le processus de création. L’autre architecte de la station, Jacques Garand, m’a donné beaucoup plus de liberté pour la verrière de l’accès sud», se rappelle Lyse Charland Favretti.
Avant de réaliser cette verrière sur le thème de l’industrie, l’artiste visite l’avionnerie Canadair, une véritable institution à Saint-Laurent. «J’ai donc choisi de représenter un écoulement d’air pour symboliser cette industrie. Cette œuvre me plaît beaucoup, car elle correspond tout à fait à ce que j’aimais faire à l’époque.» L’autre verrière de Lyse Charland Favretti, dans l’accès nord de la station, porte le thème de l’éducation. Elle rend hommage aux deux principales institutions d’enseignement du secteur, les collèges Vanier et Saint-Laurent. Tout en se complétant à merveille, les deux verrières de l’artiste font appel à des techniques différentes. La verrière symbolisant l’éducation a été réalisée selon la méthode traditionnelle (verre antique et plomb), tandis que celle consacrée à l’industrie, de nature plus abstraite, a été réalisée avec une technique plus moderne (dalles de verre coulées dans de la résine).
Après cette expérience fructueuse à la station de métro du Collège, Lyse Charland Favretti a réalisé plusieurs autres verrières intégrées dans des édifices publics, notamment à l’Institut de Cardiologie de Montréal, à l’édifice Westmount Square et – le monde est petit! – au collège Vanier, situé à proximité de la station du Collège. Elle a également produit plus de 55 verrières ou murales intégrées à des intérieurs résidentiels et pris en charge quelques restaurations de vitraux d’églises ou de chapelles. Enfin, elle a participé à une vingtaine d’expositions et il lui arrive aussi à l’occasion de restaurer certaines de ses œuvres. Récemment, le chansonnier Gilles Vigneault lui a confié la restauration d’une œuvre qui lui avait été offerte par nul autre que le syndicaliste Michel Chartrand.
Source : page Info STM du 17 mai 2005
Né en Belgique en 1939, le verrier Pierre Osterrath est un habitué du métro de Montréal. On retrouve ses œuvres dans trois stations: Berri-UQAM, Charlevoix et Du Collège. Il faut dire que chez les Osterrath, on est verriers depuis quatre générations! C’est en 1953 que la famille de l’artiste débarquait au Québec, bien déterminée à faire sa marque ici. «Le Québec nous attirait beaucoup. On y parlait français et tout était à faire… À l’époque, les immigrants non fortunés devaient s’engager sur une ferme durant deux ans. Mon père, Jose, un ancien officier dans la cavalerie belge, s’est lancé dans l’élevage des chevaux à Coteau-du-Lac. Après ce stage de deux ans, il a repris son travail de verrier. Puisqu’il n’était pas très habile à couper le verre, il m’a demandé de l’assister. J’ai essayé et je n’ai jamais arrêté!»
Vers 1960, Pierre Osterrath quitte l’entreprise paternelle. En 1967, il fonde son propre atelier. «Lorsque j’ai commencé à travailler avec mon père, en 1955, 90 % des vitraux étaient importés d’Europe et on n’en retrouvait que dans les églises. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard qu’on a commencé à les intégrer aux bâtiments commerciaux et institutionnels. Mes premières œuvres d’art public furent réalisées pour l’Université d’Ottawa et l’Aéroport John-F.-Kennedy de New York, en collaboration avec Jordi Bonet. Étant natif d’Europe, je désirais avant tout découvrir l’âme québécoise. C’est pourquoi j’ai travaillé avec la plupart des grands artistes québécois de l’époque: Alfred Pellan, Jean-Paul Mousseau, Claude Théberge, Fernand Leduc, Marcelle Ferron, Frédéric Back, etc.»
Une expérience enrichissante
En 1968, peu après l’ouverture de son atelier, Pierre Osterrath réalise une immense verrière pour la station de métro Berri-de Montigny (aujourd’hui Berri-UQAM). «C’est Marcel Goethals, le promoteur de l’art dans le métro, qui m’a approché. Le projet original comportait deux vitraux, un au tympan est et un autre au tympan ouest. Finalement, seule la verrière du tympan est a vu le jour. On m’a demandé de travailler avec le peintre Pierre Gaboriau, le fils du conseiller artistique du métro, Robert LaPalme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur relation n’était pas harmonieuse! C’est pourquoi le fils s’est amusé à placer toutes sortes d’éléments hétéroclites dans son œuvre, uniquement pour choquer son père…»
Le résultat final est impressionnant. L’œuvre de 6,4 m de large et de 7 m de haut, intitulée Les fondateurs de Montréal, illustre le passé, le présent et l’avenir de la ville fondée en 1642 par Jérôme Le Royer de la Dauversière, Jeanne Mance et Paul Chomedey de Maisonneuve. «Cela m’a pris environ six mois pour réaliser la verrière à partir de la maquette soumise par Gaboriau. Je me suis occupé à peu près de tout: l’armature de soutien, l’ancrage dans le béton, l’éclairage, etc. Tout ceci a été installé au-dessus des rails, durant l’exploitation du métro. Trois étages d’échafaudages ont été nécessaires afin de pouvoir installer toutes les pièces de l’œuvre. Et surtout, absolument rien ne devait tomber sur la voie! Bref, ce fut une expérience fantastique qui m’a permis de découvrir de multiples facettes du métier. Après, plus rien ne me faisait peur!»
Deux autres stations
Quelques années plus tard, Pierre Osterrath collabore avec l’artiste Mario Merola à la réalisation de deux verrières multicolores pour la station Charlevoix. Puis, au début des années 1980, c’est au tour de la station Du Collège, cette fois avec l’artiste Lyse Charland-Favretti et l’architecte Gilles Bonetto. «Contrairement aux deux stations précédentes, ce fut un véritable travail d’intégration. Avant même que la station ne soit conçue, l’architecte et moi avons discuté de ce que nous pourrions faire. À cause du nom et de l’emplacement de la station, Gilles voulait que l’œuvre ait un aspect didactique. C’est pourquoi chaque verrière a été réalisée avec une technique différente. J’ai partagé le travail avec Lyse: elle a conçu deux verrières et moi trois. Celles-ci sont situées dans la partie nord de la station.»
Avec plus de 300 000 pieds carrés de verrières à son actif, Pierre Osterrath occupe une place importante dans le domaine de l’art au Québec. Professeur à la retraite de l’École des arts visuels de l’Université Laval, il marie désormais la sculpture à l’art du verre, comme en fait foi l’œuvre qu’il a réalisée en 2002 pour le Théâtre de la Bordée, à Québec. «Par mon travail, j’embellis des lieux. Même si les gens ne savent pas que je suis le créateur de l’œuvre, ce n’est pas important! J’ai toujours été enchanté de réaliser des œuvres dans le métro, car je savais qu’elles allaient être vues par des dizaines de milliers de personnes. Ce qui m’a toujours intéressé comme artiste, ce sont la transparence, la lumière et l’harmonie des couleurs. En fait, tous les verriers sont des coloristes nés.»