Météore Design
Lieu de rendez-vous (1988)
Acier émaillé, acier inoxydable et granit
Emplacement : mezzanine
Les designers industriels Jean-François Jacques et Pierre-Marc Pelletier ont créé cette horloge sculpturale de style Art déco. Le cercle d’acier inoxydable inséré dans le plancher autour de l’horloge forme un vaste cadran avec les deux bancs en guise d’aiguilles.
Le saviez-vous?
Un des deux bancs est un peu plus bas que la normale afin d’accueillir les enfants et les personnes de petite taille.
À propos des artistes
Jean-François Jacques et Pierre-Marc Pelletier ont fondé en 1987 la compagnie Météore Studio, devenue peu après Météore Design. Les designers de cette firme développent des produits dans plusieurs domaines : médical, lampes et horloges, mobilier, transport, etc.
Source : page Info STM du 5 novembre 2003
Le métro de Montréal n’a pas été conçu que par des architectes, des ingénieurs et des artistes. Il faut aussi souligner la contribution de designers comme Jean-François Jacques et Pierre-Marc Pelletier qui ont réalisé, au milieu des années 1980, l’étrange horloge qui trône sur la mezzanine de la station Acadie. «À la sortie de l’école, nous avions formé ensemble la compagnie Météore Studio, qui est devenue peu après Météore Design», explique Jean- François Jacques. «Nous travaillions au même endroit que Pierre Mercier, un des architectes de la station. Il aimait notre travail et nous a demandé de réaliser un projet. Le plus intéressant, c’est qu’il nous a laissé une liberté totale. Il nous a donné une surface de plancher et nous a dit: Proposez-nous quelque chose.»
«Nous aurions pu réaliser une sculpture mais avec notre formation en design industriel, notre projet se devait d’être fonctionnel. Nous avions comme prémisse l’idée de la grande place où les gens se rencontrent, comme à la sortie de l’église autrefois… ou à la station Berri-UQAM aujourd’hui. D’où le titre du projet: Lieu de rendez-vous. Nous en sommes venus à la conclusion que si nous voulions réaliser un lieu de rendez-vous dans le métro, il fallait une borne visible d’assez loin, quelque chose en hauteur. Mais quand on se donne un rendez-vous, il n’y a pas que le lieu, il y a aussi l’heure de la rencontre: il fallait donc une horloge ainsi que des sièges pour l’attente.»
Une horloge en cache parfois une autre
Une fois le thème choisi, les deux designers ont esquissé divers concepts et les ont soumis aux responsables du projet. Le concept retenu a été développé en fonction de l’ergonomie, du choix des matériaux et des procédés de fabrication. «Si la station de métro est là pour cent ans, il faut que l’objet le soit également», précise Jean-François Jacques. «Les matériaux comme le granit, l’acier inoxydable et l’acier chromé ont été choisis pour leur durabilité et parce qu’ils s’intégraient bien à la station de métro. Nous avons également utilisé l’acier porcelaine, technologie utilisée autrefois pour les réfrigérateurs, qui offrait des possibilités intéressantes. Tout a été conçu en fonction d’un montage simple et rapide: tous les éléments sont percés et viennent s’empiler sur un grand tube d’acier, comme une brochette. Les pièces ont été apportées sur place, montées à l’aide d’un treuil et cimentées une à une. En huit heures, le montage était complété.»
«L’horloge est recouverte d’un polycarbonate qui la protège de la poussière et du vandalisme. En fait, toutes les pièces de l’ensemble ont été conçues de façon à réduire au minimum l’accumulation de poussière. Le cadran est légèrement incliné vers l’avant, ce qui rend sa lecture plus facile. Un des deux bancs est un peu plus bas que la normale afin de favoriser les enfants et les personnes de petite taille. Un cercle d’acier inoxydable a été inséré dans le plancher de granit autour de l’horloge. Si on regarde celle-ci du haut de la passerelle située juste au-dessus, ce cercle forme un vaste cadran avec les deux bancs en guise d’aiguilles. Le principe de l’horloge est donc répété sur plusieurs plans.»
Objet ou œuvre d’art?
Œuvre de designers industriels, l’horloge de la station Acadie peut-elle être considérée comme une véritable œuvre d’art? Jean-François Jacques a certaines réserves. «Personnellement, je ne considère pas cela comme une œuvre d’art. C’est un produit qui a été conçu comme un mobilier urbain. En tant que designers, nous avions des préoccupations à la fois fonctionnelles et esthétiques, mais le fonctionnel prenait toujours le dessus. Cette horloge a un aspect esthétique, mais elle a d’abord et avant tout été conçue dans un esprit fonctionnel. Nous voulions créer un produit qui allait marquer un temps, les années 1980, tout en demeurant intéressant à découvrir par la suite. Je ne considère pas ce projet comme une œuvre d’art, mais si pour d’autres personnes c’est le cas, alors, tant mieux!»
La station Acadie, la plus jeune du métro de Montréal, a ouvert ses portes au public le 28 mars 1988. Quinze ans déjà! Que le temps passe vite… Entretemps, Pierre-Marc Pelletier a quitté Météore Design pour poursuivre une carrière de directeur artistique en édition graphique. Jean-François Jacques et l’entreprise poursuivent leur travail de design de produits en exploitant la reproduction de série.