Berri-UQAM (Raoul Hunter)

Raoul Hunter

Monument à Mère Émilie Gamelin (2000)

Bronze
Collection d’art public de la Ville de Montréal
Emplacement : édicule Sainte-Catherine

Fondatrice des Sœurs de la Providence, Mère Émilie Gamelin est représentée en pleine action, soulageant la faim et la misère des oubliés. Cette statue qui symbolise son apport à la vie sociale de Montréal a été dévoilée à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.

Le saviez-vous?

Les Sœurs de la Providence occupaient ce quadrilatère avant la venue du métro dans les années 1960.

À propos de l’artiste

Né à Saint-Cyrille-de-Lessard, Raoul Hunter (1926-2018) a été caricaturiste durant 33 années pour le quotidien Le Soleil à Québec. Après plus de 10 000 caricatures, il a tiré sa révérence en 1989 pour se consacrer à sa première passion, la sculpture.

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Berri-UQAM (Raoul Hunter)   Berri-UQAM (Raoul Hunter)   Berri-UQAM (Raoul Hunter)   Berri-UQAM (Raoul Hunter)

Source : page Info STM du 8 mai 2006

Il y a quelques jours, la statue de Mère Émilie Gamelin retrouvait son emplacement habituel à la station Berri-UQAM, plus précisément à l’entrée de l’édicule de la rue Sainte-Catherine. Retirée au début du mois de mars à la demande de sa propriétaire, la Ville de Montréal, pour en faire une copie, cette œuvre rend hommage à la fondatrice de la congrégation des Soeurs de la Providence, importante communauté religieuse qui occupait ce quadrilatère avant la venue du métro dans les années 1960. Elle a été réalisée par l’artiste Raoul Hunter, sculpteur et… caricaturiste!

Né en 1926 à Saint-Cyrille-de-Lessard, dans le comté de L’Islet, Raoul Hunter était professeur à l’École des Beaux-Arts de Québec lorsqu’il reçut en 1956 une offre inusitée du quotidien Le Soleil. «Le journal se cherchait un caricaturiste et voulait savoir si des élèves étaient intéressés par le poste. Comme tous les autres professeurs, j’ai transmis la demande à mes élèves mais personne ne s’est présenté au journal. Puisque la caricature m’intéressait, j’ai soumis ma propre candidature, avec succès. Je suis entré au journal en novembre 1956 et j’y suis demeuré 33 années…»

Une autre époque

Pour comprendre le désintérêt des étudiants d’alors, il faut savoir que le métier de caricaturiste a beaucoup changé depuis les années 1950. «À mes débuts, on m’avait bien averti de ne pas toucher au premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, ni à la reine d’Angleterre. Personnellement, je ne savais pas que la reine était abonnée au journal! De plus, je dessinais souvent les caricatures dans le bureau du rédacteur en chef, qui malgré sa gentillesse et sa générosité n’était pas un modèle de bravoure. Bref, il fallait être prudent. Mais petit à petit, j’ai pris de la liberté et à la toute fin, je dessinais ce que je voulais. Ce qui n’empêchait pas mes patrons de sursauter de temps en temps!»

Après plus de 10 000 caricatures, Raoul Hunter tirait sa révérence en 1989 pour mieux se consacrer à la sculpture. C’est ainsi qu’il a obtenu le mandat de réaliser la statue de Mère Émilie Gamelin à la station Berri-UQAM. «J’ai appris qu’il y avait un concours et j’ai contacté la Ville de Montréal, qui a ajouté mon nom à la première liste de dix sculpteurs. Les trois artistes sélectionnés ont réalisé une maquette et c’est la mienne qui a été choisie. J’ai lu tout ce que j’ai pu trouver sur Émilie Gamelin, y compris la documentation fournie par les Sœurs de la Providence. J’étais libre de la représenter comme je le voulais. Je souhaitais qu’elle soit en mouvement, pour montrer qu’elle allait au-devant des pauvres. C’est à eux qu’elle tend la main.»

Une belle surprise

Cette fameuse main est la preuve vivante que la statue de Mère Émilie Gamelin, la toute première statue installée dans le métro de Montréal, est grandement appréciée du public. De nombreux passants lui serrent la main, ce qui a eu pour effet de polir celle-ci. «Ce n’était pas du tout prévu au départ! Lorsque la statue a été retirée de la station pour être copiée et nettoyée, j’ai bien spécifié aux responsables de ne pas toucher à cette main. Comme sculpteur, cela me fait un petit velours car je sais que mon œuvre ne passe pas inaperçue. En fait, des dizaines de personnes se sont inquiétées de sa «disparition» ce printemps!»

Et Raoul Hunter? S’ennuie-t-il de la caricature? «À mon départ du journal, cela ne me tracassait pas trop car j’avais beaucoup de sculptures à réaliser. Une fois le travail complété, ce fut le calme plat et là, j’ai commencé à m’ennuyer de la caricature! Mais la place au journal était prise et j’ai enduré mon mal. Je fais toujours de la sculpture et j’adore ça. Lors du dévoilement de la statue de Mère Émilie Gamelin, en 2000, on m’a demandé de prononcer quelques mots. J’ai dit que cette statue était le résultat d’un concours, que j’avais battu les sculpteurs de Montréal et que je ressentais la même joie que les Nordiques lorsqu’ils revenaient victorieux des fantômes du Forum! Pas besoin de vous dire que durant quelques minutes, l’assemblée a manqué de sérieux…»

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