Georges Lauda, Paul Pannier et Gérard Cordeau
Le poète dans l’univers (1968)
Céramique et fer forgé
Don de la Caisse populaire Saint-Alphonse-d’Youville
Œuvre restaurée avec la participation financière du ministère de la Culture et des Communications du Québec
Emplacement : quai Montmorency
Cette murale rend hommage aux poètes Saint-Denys Garneau, Émile Nelligan et Octave Crémazie, représentés par des masques en fer forgé. Ceux-ci se superposent au bas-relief en céramique où l’on retrouve les planètes du système solaire et les signes du zodiaque.
Le saviez-vous?
Trois extraits de poèmes de Saint-Denys Garneau, d’Émile Nelligan et d’Octave Crémazie font également partie de l’œuvre.
À propos des artistes
Né à Prague (République tchèque) en 1925, l’artiste multidisciplinaire Georges Lauda s’est installé à Montréal en 1951. Il a réalisé cette œuvre en collaboration avec le céramiste Paul Pannier (1926-1993) et le sculpteur Gérard Cordeau (1937-2003).
Source : page Info STM du 12 mars 2008
À la station de métro Crémazie, dans le grand volume au-dessus des quais, se trouve une composition murale en céramique, don de la Caisse populaire Saint-Alphonse-d’Youville. Les auteurs Georges Lauda, artiste professionnel, et Paul Pannier, céramiste, accompagnés par Gérard Cordeau, sculpteur, ont conçu et exécuté le projet intitulé Le poète dans l’univers. Les courbes de l’œuvre rappellent les trajectoires des corps célestes. On y trouve les symboles des planètes et ceux du zodiaque, qui évoquent par leur présence insolite la libre inspiration poétique et le lyrisme. Trois extraits de poèmes de Saint-Denys Garneau, d’Émile Nelligan et d’Octave Crémazie sont gravés dans la matière. L’œuvre a été dévoilée il y a tout juste 40 ans, le 12 mars 1968. Comme Georges Lauda est le seul survivant des trois auteurs, cet article lui est consacré.
Né en 1925 à Prague, Georges Lauda a étudié les beaux-arts dans cette ville ainsi qu’à Paris. «Cette formation pratique et théorique m’a donné une solide base sur laquelle j’ai pu expérimenter et trouver mon propre chemin. Après quelques années à Paris, je suis parti au Canada en 1951 et à Montréal, j’ai terminé mes études par un diplôme de professorat. À côté de mon travail de designer, j’ai collaboré avec Paul Pannier, céramiste reconnu. Notre atelier s’est agrandi pour les compositions murales et au concours pour la décoration du pavillon des Sciences humaines de l’Université Laval, notre projet a reçu le premier prix. Cette reconnaissance de notre compétence nous a valu l’invitation de la compagnie d’assurances La Laurentienne, à Québec, pour la conception d’un mur-relief long de 11 m. En cette même année 1964, ma composition en terre cuite Le phare m’a valu le premier prix au Concours artistique du Québec.»
Conception et réalisation
C’est alors que Georges Lauda et Paul Pannier sont pressentis par la Ville de Montréal pour réaliser une composition murale à la station Crémazie. «À cette époque, il y avait un négociateur, M. Marcel Goethals, qui faisait le lien entre les entreprises intéressées à financer les œuvres, les représentants de la Ville et les artistes. Il nous a proposé de présenter une maquette pour la station Crémazie. Pendant mes recherches à la bibliothèque, j’ai été frappé par les vers du poète Octave Crémazie, qui s’inspirait du ciel nocturne étoilé. Deux autres poètes québécois, Émile Nelligan et Saint-Denys Garneau, partageaient les mêmes sujets. Je ne me souviens plus qui a trouvé le titre Le poète dans l’univers, mais le thème collait bien à la station et la maquette a été acceptée.»
«La réalisation s’est effectuée à l’hiver 1967-68 selon un processus bien établi. Au départ, Paul et moi agrandissons la maquette sur des rouleaux de papier kraft. Ensuite, Paul prépare une couche d’argile épaisse de 15 cm. Il décalque les lignes de l’agrandissement avec une roulette dentée, marquant ainsi l’argile en-dessous, et il creuse l’argile autour des blocs en se guidant par la maquette. Je poursuis avec le modelage final du relief, un travail intense car il faut inventer tous les détails qui n’apparaissent pas sur la maquette. Quand une section est finie, Paul découpe la surface en blocs et vide le dos de chaque élément pour que le séchage soit égal partout. Les couleurs, des poudres d’oxydes de métaux, sont appliquées en une solution aqueuse qui donnera un fini mat à la cuisson. Après le séchage, Paul procède au chargement des fours électriques et, par une chaleur faible, fait chasser les dernières traces d’humidité. Une fois le couvercle du four fermé, Paul fait augmenter la température graduellement, jusqu’au moment où le système automatique interrompt le courant. Le refroidissement peut durer aussi longtemps que la montée de la cuisson. Comme nous procédons par étapes, le travail avance lentement, même avec plusieurs fours.»
L’inauguration
Les trois visages des poètes esquissés sur la maquette ont été exécutés par le sculpteur Gérard Cordeau, qui s’est servi du fer et de la flamme pour incorporer leur message à la composition finale. Celle-ci, haute de 9,3 m et large de 9,8 m, a été installée par une firme spécialisée. «L’inauguration officielle de l’œuvre a donné lieu à un dévoilement spectaculaire qui a nécessité l’arrêt des trains de la ligne de métro», se rappelle Georges Lauda. «À la réception offerte par la Caisse populaire quelques jours plus tard, les comédiens Robert Gadouas et Danielle Oderra ont récité des vers de Saint-Denys Garneau et d’Émile Nelligan, en hommage aux poètes du pays. Ce fut très touchant.»
Quarante ans après, Georges Lauda conserve un bon souvenir du projet de la station Crémazie. «Avec le recul du temps, tous les problèmes et tensions de nerfs s’effacent et il ne reste qu’une sensation de plaisir, celui d’avoir pu participer à une fantaisie culturelle.»