Jean Mercier

Murales (1988)

Acier émaillé
Emplacements : corridor et escaliers

L’artiste a utilisé des photographies de personnes ayant contribué à la conception de la station ainsi que de membres de sa famille. Ces personnages, dont les pieds ne touchent pas le sol, révèlent l’opposition entre la nature asymétrique et libre des images à la rigueur géométrique de l'architecture souterraine.

Le saviez-vous?

Il s’agissait de la seule œuvre photographique du métro jusqu'à l'installation de la murale Homo Urbanus à la station Côte-Vertu en 2005.

À propos de l’artiste

Le photographe Jean Mercier est le fils d’Henri Mercier et le frère de Pierre Boyer-Mercier, architectes de la station Acadie. Il a débuté sa carrière au moment d’Expo 67 et a fondé en 1970 la firme Cöpilia Design, spécialisée dans le domaine de la construction.

Cliquez sur ces photos pour les agrandir.

Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)

Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)

Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)   Acadie (Jean Mercier)

Source : page Info STM du 19 novembre 2002

Inaugurée en mars 1988, la station de métro Acadie est une belle réussite au plan architectural. Le mariage heureux des formes, des couleurs, des matériaux et de l’éclairage donne une ambiance toute particulière à cette station. On y retrouve également trois murales illustrant une dizaine de personnages en mouvement. Ces murales ont été réalisées par le photographe Jean Mercier, fils d’Henri Mercier et frère de Pierre Boyer-Mercier, architectes de la station Acadie (en association avec Patrice Poirier). «Mon frère cherchait des artistes qu’il connaissait bien et qui partageaient ses idées. Il a donc fait appel à Michel Morelli, aux gens de Météore Studio et à moi, car nous travaillions tous dans le même bureau.»

«Nous ne voulions pas installer des œuvres n’importe comment dans la station. Nous voulions les intégrer entièrement dans l’architecture. C’est pourquoi mes photos ont été directement reproduites sur les panneaux prévus par l’architecte. En fait, j’étais un peu embêté par l’idée de réaliser une photo qui devait avoir une longue durée de vie. Une photo, c’est souvent quelque chose de jetable… Pour la première fois, j’étais confronté au défi de réaliser quelque chose de très durable. Alors, je voulais une œuvre qui soit un peu abstraite et même un peu amusante, quelque chose d’asymétrique par rapport à l’architecture de la station qui est, elle, très symétrique.»

Photos de famille

Mais alors, qui sont ces fameux personnages suspendus dans le temps et l’espace? Il s’agit tout simplement de la famille de l’artiste ainsi que les concepteurs de la station. «L’idée de départ, avec mes enfants en plein vol, a évolué par la suite. J’ai ajouté les autres personnages pour leur faire plaisir et parce que je les avais sous la main. Ils ne sont pas identifiés, car les voyageurs n’ont pas besoin de les reconnaître. La première photo que j’ai faite était celle de ma fille. Elle était couchée sur le dos, sur une table, avec la tête en bas. Toutes les photos sont des trucages, personne n’a vraiment fait de pirouettes!»

Sur la première murale, tout près de la loge du changeur, on peut apercevoir les deux enfants de l’artiste, Laurence et Vincent, ainsi que sa conjointe de l’époque. À l’étage supérieur, on retrouve, de gauche à droite, Marie-Louise Broggi (technicienne senior en architecture), Henri Mercier (architecte et père de l’artiste), Patrice Poirier (architecte), Sylvie Perreault (architecte), Pierre Boyer-Mercier (architecte) et Gérard Lanthier (assistant de Pierre Boyer-Mercier). Tous ces personnages semblent vouloir s’envoler, à l’exception du père de l’artiste qui marche d’un pas assuré. Il ne manque que Jean Mercier, mais celui-ci ne voulait pas se mettre en évidence sur son œuvre. Il s’est toutefois amusé à cacher sa signature sur certains personnages…

La photo, c’est aussi un art

Les images de la station Acadie ont été créées à partir de négatifs 35 mm. Pour obtenir un effet optique intéressant et pour rendre l’œuvre plus abstraite, l’artiste a ajouté une trame et beaucoup de contraste aux photos. Les images ont été reproduites par sérigraphie sur les panneaux de porcelaine émaillée. «Le fabricant des panneaux avait un sous-traitant qui se spécialisait dans ce procédé d’impression. L’œuvre devait résister au feu, aux égratignures et au vandalisme. Au lieu d’utiliser de l’encre, ils se sont servis d’un mélange de gomme de pin et de poudre de verre coloré. Après l’impression, les panneaux ont été cuits dans un four. La couleur finale (rouge foncé) était difficile à prévoir car la poudre change de teinte à la cuisson. Aujourd’hui, avec les nouvelles techniques d’impression, il serait possible de produire des images en plusieurs couleurs.»

Malgré toutes ses qualités graphiques, la photographie est pratiquement absente des œuvres d’art dans les lieux publics comme le métro. Pourquoi? Jean Mercier l’ignore. «Les architectes ne pensent peut-être pas à l’utiliser, les photographes non plus… Je ne sais pas s’il y a confusion entre photographie et objet de consommation, par opposition à l’art pur et simple. Pourtant, aucun art ne reproduit la réalité avec autant de réalisme que la photographie. C’est aussi une de ses limites: si on veut réaliser une photographie intéressante, il faut réussir à enlever de la photo tout ce qui n’est pas utile à l’image. Je suis heureux de constater que mes photos de la station Acadie sont aussi intéressantes qu’elles l’étaient il y a quinze ans.»

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