Le métro de Montréal honoré par l’Ordre des urbanistes du Québec

Nouvelle

À l’occasion de son 50e anniversaire, l’Ordre des urbanistes du Québec a lancé un appel à tous ses membres afin d’identifier 50 projets qui ont marqué le développement de l’urbanisme au Québec. C’est ainsi qu’au Gala 50e anniversaire tenu le 23 octobre dernier, le métro de Montréal a été désigné parmi les 50 plus grands projets urbanistiques des 50 dernières années au Québec.

À l’occasion de son 50e anniversaire, l’Ordre des urbanistes du Québec a lancé un appel à tous ses membres afin d’identifier 50 projets qui ont marqué le développement de l’urbanisme au Québec. C’est ainsi qu’au Gala 50e anniversaire tenu le 23 octobre dernier, le métro de Montréal a été désigné parmi les 50 plus grands projets urbanistiques des 50 dernières années au Québec.

Ouvrage remarquable, le métro de Montréal a su innover à plusieurs égards, autant par la créativité de ses équipes de conception montréalaises et internationales, l’architecture distincte de chacune de ses stations, la conception de ses tunnels, la disposition de ses espaces fonctionnels et l’intégration systématique d’œuvres d’art dans ses stations, que par la conception de ses voitures. C’est un système complexe d’une grande efficacité qui assure jusqu’à 900 000 déplacements quotidiens. L’implantation du métro a insufflé un apport économique sans précédent à Montréal, dont le tissu urbain s’est réorganisé autour des différentes stations.

Un peu d’histoire
Le premier réseau de métro est inauguré à Londres en 1863. À Montréal, il est question dès 1910 de creuser des tunnels pour faciliter la circulation des tramways au centre-ville; cependant, la crise économique des années 1930 empêche la réalisation du projet. La Montreal Tramways Company revient à la charge en 1944 avec un véritable projet de métro, mais la Seconde guerre mondiale ainsi que les discussions entourant la municipalisation de la compagnie empêchent sa réalisation. En 1953, la nouvelle Commission de transport de Montréal présente à son tour un projet de métro; il ne manque que l’approbation des élus montréalais, mais ceux-ci font preuve d’une prudence excessive et remettent le projet à plus tard.

Pendant ce temps, la Ville de Toronto va de l’avant et inaugure en 1954 les premières stations de son métro. Le succès remporté par ce dernier prouve que les autoroutes ne peuvent régler tous les problèmes de circulation en milieu urbain. La construction d’un métro s’impose à Montréal, mais qui osera mettre le projet en marche? L’élection en 1960 du tandem formé par Jean Drapeau et Lucien Saulnier marque un point tournant. Le 3 novembre 1961, le conseil municipal de la Ville de Montréal donne le feu vert à la construction du métro. La réalisation du réseau initial est confiée à la Ville et son Bureau du métro qui est dirigé par l’ingénieur en chef Lucien L’Allier.

L’urbanisme en tête
Dirigé par Claude Robillard, assisté de Guy R. Legault, le Service de l’urbanisme de la Ville de Montréal fait partie du Bureau du métro et met de l’avant quatre idées qui changeront à jamais le visage du projet :

  • Construire le métro sous des rues parallèles aux grandes artères pour ne pas nuire au commerce sur les rues Sainte-Catherine et Saint-Denis durant les travaux;
  • Remplacer les petits couloirs dans les stations par de larges passerelles au-dessus des quais;
  • Consulter les architectes le plus tôt possible afin de favoriser leur pleine participation au processus de création des stations, toutes différentes les unes des autres;
  • Prévoir assez d’espace autour des accès pour permettre la construction de bâtiments qui viendront les abriter.

Ainsi, la ligne verte est construite dans l’axe des rues De Montigny, Burnside et Saint-Luc, qui sont reliées pour créer un nouvel axe est-ouest, le boulevard De Maisonneuve. Ce choix, jumelé à la création de l’avenue du Président-Kennedy, a un impact considérable sur le développement du centre-ville de Montréal. La construction du métro sert également de catalyseur pour l’expansion de la ville intérieure, la plus importante au monde. Par la suite, la venue du métro sur les deux rives aura pour effet de développer de nouveaux pôles commerciaux, résidentiels et institutionnels, d’abord à Longueuil puis maintenant à Laval.

Hier, aujourd’hui et demain
Les 20 premières stations du réseau sont inaugurées le 14 octobre 1966. Complété au printemps de 1967, le réseau initial compte 26 stations réparties sur trois lignes : la ligne verte, d’Atwater à Frontenac; la ligne orange, d’Henri-Bourassa à Bonaventure; et la ligne jaune, de Berri-De Montigny (aujourd’hui Berri-UQAM) à Longueuil. La ligne verte est prolongée jusqu’à la station Honoré-Beaugrand en juin 1976, puis jusqu’à la station Angrignon en septembre 1978. La ligne orange est prolongée en portions successives de 1980 à 1986, tandis que la ligne bleue entre en fonction progressivement de 1986 à 1988. Enfin, la ligne orange est prolongée à Laval en 2007, portant le nombre de stations à 68.

Le métro est indissociable de Montréal, tant et si bien qu’on peut se demander ce que serait la ville sans son métro. Près de 250 millions de déplacements y sont enregistrés chaque année, pour un total d’environ 9 milliards de déplacements depuis son ouverture en 1966. Parmi les autres distinctions remportées par le métro de Montréal au fil des ans, notons la médaille Massey de l’Institut Royal d’architecture du Canada pour l’ensemble de l’œuvre en 1967 et la médaille décernée par l’American Institute of Architects en 1977. Par ailleurs, depuis 2009, le Collège impérial de Londres désigne le métro de Montréal comme le plus productif au monde.

«Nous avons une obligation envers nos parents et nos grands-parents qui ont réalisé cette extraordinaire infrastructure de transport qu’est le métro de Montréal», affirme M. Michel Labrecque, président du conseil d’administration de la STM. «Ils ont construit ce magnifique métro qui a changé le visage de Montréal et qui sert encore de modèle aux autres réseaux à travers le monde. C’est maintenant notre devoir de l’entretenir correctement afin qu’il puisse également profiter aux générations futures.»

Hommage à Michel Labrecque
Lors de ce même gala, le président du conseil d’administration de la STM, M. Michel Labrecque, a reçu le prix Blanche-Lemco-Van-Ginkel, distinction créée en 2003 et remise à des personnes non-urbanistes de divers milieux (citoyens, élus, gestionnaires, promoteurs, professionnels, etc.) pour leur contribution significative au développement de l’urbanisme au Québec. Rappelons qu’avant d’œuvrer à la STM, M. Labrecque a présidé Vélo Québec et a été président-directeur général du festival Montréal en lumière.

Mme Marie Turcotte, également membre du conseil d’administration de la STM, est une autre des personnalités qui a reçu le prix Blanche-Lemco-Van-Ginkel.