Charlevoix (Mario Merola et Pierre Osterrath)

Mario Merola et Pierre Osterrath

Verrières (1978)

Verre antique
Œuvre restaurée avec la participation financière du ministère des Transports du Québec
Emplacement : escaliers

Ces deux verrières aux dominantes bleues et aux accents rouges et jaunes mettent en valeur la lumière naturelle qui y filtre. Elles sont le fruit de l’imagination de Mario Merola, qui a fait appel aux services du verrier Pierre Osterrath pour leur réalisation.

Le saviez-vous?

Cet immense casse-tête de plus de 15 000 pièces compte pas moins de 800 couleurs différentes.

À propos des artistes

Né à Montréal en 1931, Mario Merola est un artiste polyvalent, reconnu surtout pour ses œuvres intégrées aux édifices publics. Né en Hony (Belgique) en 1939, Pierre Osterrath a émigré au Québec en 1953 et a poursuivi la tradition familiale de l’art du verre.

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Charlevoix (Mario Merola et Pierre Osterrath)   Charlevoix (Mario Merola et Pierre Osterrath)   Charlevoix (Mario Merola et Pierre Osterrath)   Charlevoix (Mario Merola et Pierre Osterrath)

Source : page Info STM du 10 décembre 2002

Artiste polyvalent né à Montréal en 1931, Mario Merola s’est surtout fait connaître par ses œuvres intégrées dans les édifices publics, notamment dans les stations de métro Sherbrooke et Charlevoix. La station Jarry est venue bien près de faire partie de cette liste, mais le destin en a voulu autrement…

Au milieu des années 1960, Mario Merola est approché par Robert LaPalme, directeur artistique de la galerie d’art du métro. Ce dernier lui offre de réaliser à la station Jarry deux murales consacrées aux rois de France et d’Angleterre qui se sont succédés depuis la création de la Nouvelle-France. Merola se souvient: «J’ai grandi dans ce quartier, sur la rue De Châteaubriand. J’aurais aimé interpréter le thème à ma manière, c’est-à-dire de façon abstraite. Mais LaPalme tenait absolument à ce que les œuvres de la galerie d’art du métro soient figuratives.» Il n’y aura donc pas de murales de Mario Merola à la station Jarry.

Président de la Société des artistes professionnels du Québec, Merola conteste la domination de l’art figuratif dans la galerie d’art du métro, une décision prise par LaPalme et le maire Jean Drapeau. Il reçoit l’appui de Marcelle Ferron, de Jordi Bonet et de plusieurs autres artistes. «Nous sommes allés à l’hôtel de ville et nous avons rencontré le maire Drapeau. Nous avons essayé de lui expliquer les choses, mais son idée était arrêtée.» Mario Merola aura l’occasion de se reprendre peu après, dans une autre station et dans d’autres circonstances…

De brique et de porphyre

Au début des années 1970, la Ville de Montréal cède la construction des prolongements du métro à la Communauté urbaine de Montréal et son Bureau de transport métropolitain. La direction artistique de la galerie d’art du métro est désormais confiée aux architectes des stations: l’art abstrait peut enfin s’exprimer dans le métro! À cette époque, la construction de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) impose d’importantes modifications à la sortie ouest de la station Sherbrooke. Invité à participer au projet, Mario Merola fait d’une pierre deux coups en créant une longue murale de brique qui fait le lien entre la station de métro, le hall d’entrée de l’ITHQ et l’extérieur du bâtiment.

Au même moment, du côté est de la station, la Place du Cercle est en construction. Une nouvelle œuvre est commandée à l’artiste, une murale en forme de cercle bien entendu. «Le matériau était intéressant. J’ai rencontré deux Français installés à Montréal, les frères Marre, qui fabriquaient des plaques de porphyre reconstitué. D’ailleurs, ce sont eux qui ont produit les pastilles orangées que l’on retrouve sur certains quais des stations de métro. À l’intérieur de ces grandes plaques de porphyre orangé, il y avait un graphisme que j’ai exploité de diverses façons. Depuis le temps, la couleur de l’œuvre n’a pas changé. C’est un matériau presque éternel.»

Et la lumière fut!

Peu de temps après, Mario Merola participe à la création d’une toute nouvelle station de métro, la station Charlevoix. Pour éviter que cette station très profonde ne soit boudée par les voyageurs claustrophobes, il y ajoute de la lumière en intégrant deux vitraux fortement colorés au puits de ventilation de la station. Ces vitraux de verre antique sont réalisés en étroite collaboration avec le verrier Pierre Osterrath. «À partir des plans de la station, j’ai réalisé une maquette qui a été acceptée. Puis j’ai reproduit sur papier, en grandeur réelle, les deux œuvres dans leurs moindres détails. J’ai présenté le tout à Pierre Osterrath, qui a réalisé le vitrail à partir des couleurs que j’avais choisies.»

Ce qui frappe surtout, dans la production de Mario Merola, c’est la grande variété de ses œuvres. Tout en créant son propre langage, l’artiste a su évoluer au fil du temps. «Je n’ai jamais pris la décision de choisir un style et de le systématiser. J’ai toujours laissé les choses bouger, à mes risques et périls: certaines œuvres peuvent être plus réussies, d’autres moins… Le style, ce n’est pas quelque chose qui s’impose de l’extérieur; c’est quelque chose qui vient s’imposer de l’intérieur de soi-même.»

Source : page Info STM du 17 mai 2005

Né en Belgique en 1939, le verrier Pierre Osterrath est un habitué du métro de Montréal. On retrouve ses œuvres dans trois stations: Berri-UQAM, Charlevoix et Du Collège. Il faut dire que chez les Osterrath, on est verriers depuis quatre générations! C’est en 1953 que la famille de l’artiste débarquait au Québec, bien déterminée à faire sa marque ici. «Le Québec nous attirait beaucoup. On y parlait français et tout était à faire… À l’époque, les immigrants non fortunés devaient s’engager sur une ferme durant deux ans. Mon père, Jose, un ancien officier dans la cavalerie belge, s’est lancé dans l’élevage des chevaux à Coteau-du-Lac. Après ce stage de deux ans, il a repris son travail de verrier. Puisqu’il n’était pas très habile à couper le verre, il m’a demandé de l’assister. J’ai essayé et je n’ai jamais arrêté!»

Vers 1960, Pierre Osterrath quitte l’entreprise paternelle. En 1967, il fonde son propre atelier. «Lorsque j’ai commencé à travailler avec mon père, en 1955, 90 % des vitraux étaient importés d’Europe et on n’en retrouvait que dans les églises. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard qu’on a commencé à les intégrer aux bâtiments commerciaux et institutionnels. Mes premières œuvres d’art public furent réalisées pour l’Université d’Ottawa et l’Aéroport John-F.-Kennedy de New York, en collaboration avec Jordi Bonet. Étant natif d’Europe, je désirais avant tout découvrir l’âme québécoise. C’est pourquoi j’ai travaillé avec la plupart des grands artistes québécois de l’époque: Alfred Pellan, Jean-Paul Mousseau, Claude Théberge, Fernand Leduc, Marcelle Ferron, Frédéric Back, etc.»

Une expérience enrichissante

En 1968, peu après l’ouverture de son atelier, Pierre Osterrath réalise une immense verrière pour la station de métro Berri-de Montigny (aujourd’hui Berri-UQAM). «C’est Marcel Goethals, le promoteur de l’art dans le métro, qui m’a approché. Le projet original comportait deux vitraux, un au tympan est et un autre au tympan ouest. Finalement, seule la verrière du tympan est a vu le jour. On m’a demandé de travailler avec le peintre Pierre Gaboriau, le fils du conseiller artistique du métro, Robert LaPalme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur relation n’était pas harmonieuse! C’est pourquoi le fils s’est amusé à placer toutes sortes d’éléments hétéroclites dans son œuvre, uniquement pour choquer son père…»

Le résultat final est impressionnant. L’œuvre de 6,4 m de large et de 7 m de haut, intitulée Les fondateurs de Montréal, illustre le passé, le présent et l’avenir de la ville fondée en 1642 par Jérôme Le Royer de la Dauversière, Jeanne Mance et Paul Chomedey de Maisonneuve. «Cela m’a pris environ six mois pour réaliser la verrière à partir de la maquette soumise par Gaboriau. Je me suis occupé à peu près de tout: l’armature de soutien, l’ancrage dans le béton, l’éclairage, etc. Tout ceci a été installé au-dessus des rails, durant l’exploitation du métro. Trois étages d’échafaudages ont été nécessaires afin de pouvoir installer toutes les pièces de l’œuvre. Et surtout, absolument rien ne devait tomber sur la voie! Bref, ce fut une expérience fantastique qui m’a permis de découvrir de multiples facettes du métier. Après, plus rien ne me faisait peur!»

Deux autres stations

Quelques années plus tard, Pierre Osterrath collabore avec l’artiste Mario Merola à la réalisation de deux verrières multicolores pour la station Charlevoix. Puis, au début des années 1980, c’est au tour de la station Du Collège, cette fois avec l’artiste Lyse Charland-Favretti et l’architecte Gilles Bonetto. «Contrairement aux deux stations précédentes, ce fut un véritable travail d’intégration. Avant même que la station ne soit conçue, l’architecte et moi avons discuté de ce que nous pourrions faire. À cause du nom et de l’emplacement de la station, Gilles voulait que l’œuvre ait un aspect didactique. C’est pourquoi chaque verrière a été réalisée avec une technique différente. J’ai partagé le travail avec Lyse: elle a conçu deux verrières et moi trois. Celles-ci sont situées dans la partie nord de la station.»

Avec plus de 300 000 pieds carrés de verrières à son actif, Pierre Osterrath occupe une place importante dans le domaine de l’art au Québec. Professeur à la retraite de l’École des arts visuels de l’Université Laval, il marie désormais la sculpture à l’art du verre, comme en fait foi l’œuvre qu’il a réalisée en 2002 pour le Théâtre de la Bordée, à Québec. «Par mon travail, j’embellis des lieux. Même si les gens ne savent pas que je suis le créateur de l’œuvre, ce n’est pas important! J’ai toujours été enchanté de réaliser des œuvres dans le métro, car je savais qu’elles allaient être vues par des dizaines de milliers de personnes. Ce qui m’a toujours intéressé comme artiste, ce sont la transparence, la lumière et l’harmonie des couleurs. En fait, tous les verriers sont des coloristes nés.»

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