Place-Saint-Henri (Jacques de Tonnancour)

Jacques de Tonnancour

Sculpture (1980)

Aluminium, acier peint et acier inoxydable
Emplacement : mezzanine et quais

Suspendu au centre de la station, un élément sculptural dessiné par Jacques de Tonnancour tourne sur son axe. Une tige d’acier inoxydable soutient six cylindres tronqués faits d’aluminium profilé et de tôle d’acier émaillée.

Le saviez-vous?

La sculpture était dotée à l’origine d’un moteur qui permettait à l’ensemble de tourner lentement sur son axe.

À propos de l’artiste

Né à Montréal, Jacques de Tonnancour (1917-2005) est l’un des peintres les plus renommés de l’histoire du Québec et du Canada. Il a également réalisé quelques œuvres d’art public pour le Planétarium de Montréal, l’Université de Montréal et le métro.

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Source : page Info STM du 21 janvier 2003

Né en janvier 1917 à Montréal, l’artiste Jacques de Tonnancour est l’un des peintres les plus renommés de l’histoire du Québec et du Canada. Ses tableaux ont fait l’objet de nombreuses expositions et son manifeste Prisme d’yeux, rédigé en 1948, a reçu l’appui de plusieurs artistes dont Alfred Pellan. Nommé officier de l’Ordre du Canada en 1979, il a remporté de nombreux prix au fil des ans, notamment la médaille Philippe-Hébert de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal en 1980. Conférencier émérite, il a enseigné dans plusieurs universités à travers le monde, y compris l’Université du Québec à Montréal de 1969 à 1982.

À cette impressionnante feuille de route, il faut ajouter quelques œuvres d’art public pour le Planétarium de Montréal, l’Université de Montréal, la compagnie Lavalin et le métro de Montréal, plus précisément à la station Place-Saint-Henri. C’est l’architecte de la station, Jean-Louis Lalonde, qui a approché Jacques de Tonnancour. «Dans le bureau de Jean-Louis Lalonde, il y avait le designer Julien Hébert, un vieil ami à moi. Nous nous étions connus à l’École des beaux-arts de Montréal. L’architecte m’a proposé un site, le grand volume au centre de la station. J’ai eu l’idée de créer une œuvre pouvant être admirée de deux points de vue différents: de profil (sur la mezzanine) et par en dessous (sur les quais). Julien m’a aidé à concevoir cette sculpture.»

Et ça tourne!

La sculpture de la station Place-Saint-Henri se démarque complètement des autres œuvres de l’artiste. Elle est constituée d’un montant vertical en acier inoxydable supportant deux ensembles de trois pièces en tubes d’aluminium. La sculpture est munie d’un moteur lui permettant de tourner lentement sur son axe. «Je n’ai pas créé beaucoup d’œuvres architecturales. Pour moi, il s’agissait d’une aventure nouvelle, surtout à cette échelle. La mobilité de l’œuvre m’a demandé un effort considérable. Mon idée était de créer une sculpture qui tourne très lentement, si lentement que les gens se demandent: voyons, je rêve ou bien la sculpture a bougé? J’ai pensé que cela apporterait une note de mystère à la station. À l’époque, dans les arts, la mobilité devenait une dimension nouvelle. Il fallait que tout bouge!»

Environ quatre années d’efforts seront nécessaires pour réaliser le mobile de la station Place-Saint-Henri. Les réunions entre l’artiste et les concepteurs de la station débutent en mars 1976. Les contrats avec l’entrepreneur général (Pentagon Construction) et le fabricant (A. Faustin Limitée) sont signés en mars 1977 et les plans complets de l’œuvre sont finalisés en octobre de la même année. L’œuvre est installée à la fin de janvier 1979 et les travaux sont approuvés par l’entrepreneur le mois suivant. Ce n’est que le 28 avril 1980, lors de l’inauguration de la station, que le mobile est enfin dévoilé au grand public. Évidemment, le moteur de la sculpture a connu des ratés depuis… mais «l’effet piston» causé par l’entrée des trains dans la station parvient parfois à faire tourner l’œuvre!

La beauté et les insectes

Au début des années 1980, lors d’un symposium sur la créativité organisé en Colombie, Jacques de Tonnancour participe à une expédition consacrée aux insectes, une passion héritée de son enfance. C’est le cas de le dire, l’artiste a la «piqûre» et décide de s’éloigner du domaine des arts pour étudier de plus près le monde fascinant des insectes. Il participe à de nombreuses expéditions dans la forêt tropicale, «pas plus dangereuse que la ville quand vient le temps de traverser une rue», précise-t-il. Ses nombreuses recherches sur le sujet mènent finalement à la rédaction d’un livre, Les insectes: monstres ou splendeurs cachées, publié en 2002 aux Éditions Hurtubise HMH. Cet ouvrage d’une grande richesse a récolté le Prix Marcel-Couture remis chaque année à un auteur francophone dont l’œuvre se démarque par son originalité et son audace.

Certains se surprendront peut-être de l’intérêt porté par Jacques de Tonnancour aux insectes, ces mal-aimés de la nature. Qu’en pense l’artiste? «Les insectes sont d’abord fascinants. C’est notre fascination pour une chose qui rend cette chose signifiante, qui la rend belle. C’est par des relais que l’on en vient à une définition de la beauté, alors que bien des gens se réfèrent à une beauté classée historiquement, par les autres: ce qui est au musée du Louvre, par exemple, est beau, car c’est au musée du Louvre! Selon moi, la beauté se découvre personnellement, devant quelque chose. Il faut découvrir les choses par soi-même. Et avec les insectes, on entre dans un monde plein de découvertes, un monde de création.»

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