De la Savane (Maurice Lemieux)

Maurice Lemieux

Calcite (1984)

Acier inoxydable
Emplacement : mezzanine

Dans cette station à l’allure futuriste, un puits de lumière éclaire une sculpture en acier inoxydable signée Maurice Lemieux. Le jour, les rayons du soleil frappent les facettes de l’œuvre, acheminant la lumière vers les extrémités de la mezzanine.

Le saviez-vous?

Le titre et la forme de l’œuvre s’inspirent du minerai du même nom, dont l’artiste avait deviné la présence à l’endroit de la station.

À propos de l’artiste

Né à Valleyfield, l’artiste Maurice Lemieux (1931-1994) retient l’attention dès 1961 avec une immense sculpture à Saint-Jean-sur-Richelieu. Après un séjour en Californie, il réalise plusieurs œuvres dont la sculpture Enterspace, dévoilée en 1981 à l’entrée de la station Peel.

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De la Savane (Maurice Lemieux)   De la Savane (Maurice Lemieux)   De la Savane (Maurice Lemieux)   De la Savane (Maurice Lemieux)

Source : page Info STM du 21 février 2005

Depuis la création de cette chronique, en novembre 2002, nous avons tracé le portrait d’une vingtaine d’artistes du métro de Montréal. Hélas! Cette série d’articles ne pourra jamais être complétée car plusieurs autres artistes ne sont déjà plus de ce monde. Heureusement, certains de leurs proches le sont toujours et peuvent nous aider à mieux comprendre l’histoire de l’art dans le métro. C’est le cas de Ghislaine et Francine Lemieux, l’épouse et la fille du regretté Maurice Lemieux (1931-1994), artiste de la station De la Savane. Nous les avons rencontrées dernièrement, ce qui nous a permis de connaître davantage ce personnage étonnant.

Artiste autodidacte né à Valleyfield, Maurice Lemieux défraie les manchettes en 1961 avec l’œuvre Aimons-nous les uns les autres, une immense sculpture de deux tonnes et demie intégrée à la façade du séminaire de Saint-Jean-d’Iberville (maintenant le Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu). «Cette œuvre est inspirée d’un bijou que Maurice avait fabriqué et m’avait donné», se rappelle Ghislaine Lemieux. «Un architecte de Sherbrooke l’a vu et a dit à mon mari: que ce serait beau en grand! C’était la première fois au Canada que l’on accrochait une sculpture aussi lourde à un bâtiment». Par la suite, après treize années passées comme arpenteur et dessinateur pour Hydro-Québec, Maurice Lemieux quitte le pays et s’installe en Californie avec sa petite famille. Il y expérimente une nouvelle matière, l’aluminium-mousse, et consacre de longues heures à sa grande passion, la minéralogie.

Une intuition

Toute bonne chose a une fin et en 1971, la famille Lemieux revient s’établir au Québec. Maurice Lemieux se joint à l’équipe de l’architecte Almas Mathieu, qui apprécie grandement ses multiples talents. Les projets se succèdent et à la fin des années 1970, l’artiste est appelé à décorer la future station de métro de la Savane. «Mon père a décidé dès le départ de nommer son œuvre Calcite», note Francine Lemieux. «À partir de ses connaissances des minéraux et sachant qu’il y avait déjà eu une savane à cet endroit, il se doutait qu’on y trouverait cette pierre semi-précieuse. C’est seulement après, en creusant la station, qu’on a découvert la première veine de calcite! La forme de l’œuvre s’inspire elle-même du minerai».

«Comme toujours, mon père a réalisé l’œuvre lui-même dans son atelier situé sur la terre paternelle à Valleyfield. Il a d’abord découpé les pointes en acier inoxydable de la sculpture, comme on le fait avec un patron de robe… mais en beaucoup plus grand et au millimètre près! Ensuite, il a soudé toutes les pièces ensemble.» Réalisée en 1981, l’œuvre de Maurice Lemieux est enfin dévoilée en janvier 1984. Le jour, les rayons du soleil frappent les multiples pointes de la sculpture, acheminant la lumière vers les extrémités de la mezzanine. La nuit, les éléments de la sculpture vibrent de coloris différents à intervalles réguliers grâce à des sources d’éclairage artificiel de trois couleurs, insérées dans le puits de lumière de la station.

Hommage à un grand artiste

Plus tôt, en 1980, Maurice Lemieux réalisait pour la firme Canderel une autre sculpture en lien direct avec le métro. Dévoilée en juillet 1981 à l’entrée de la station Peel, à l’angle de la rue du même nom et du boulevard De Maisonneuve, Enterspace rappelle l’emblème de l’IATA (International Air Transport Association), un organisme qui possédait des bureaux à cet endroit. «C’est en réalisant coup sur coup ces deux sculptures que mon père a vu sa santé se détériorer», croit Francine Lemieux. «En 1989, il a fallu l’opérer pour un anévrisme à l’aorte, une opération de 11 heures dont il ne s’est jamais vraiment remis. Après, il est retourné souvent chez ses amis en Californie et il n’a jamais cessé de créer, mais ses œuvres étaient beaucoup plus petites qu’avant. D’une certaine façon, il a donné sa vie pour les sculptures des stations de la Savane et Peel.»

Maurice Lemieux laisse derrière lui une œuvre grandiose mais encore méconnue. Les membres de sa famille sont toutefois bien déterminés à la mettre en valeur, comme le prouve l’excellent site Web qu’ils ont créé (www.mauricelemieux.com). «C’est mon mari qui en a eu l’idée», précise Francine Lemieux. «Toute la famille y a participé et chacun y est allé de ses commentaires. Nous avons choisi les couleurs et le contenu du site et c’est un ami de la famille qui l’a réalisé. En deux ans, il a reçu plus de 4 000 visiteurs. Sur un autre site consacré aux grands Canadiens, mon père côtoie sur la même page Pierre-Elliott Trudeau et John Candy! S’il pouvait voir ça…» La famille de Maurice Lemieux entend maintenant consacrer une exposition et un livre aux œuvres marquantes de cet artiste bourré de talent, qui a poussé l’audace jusqu’à créer de ses propres mains la plupart des meubles de sa maison!

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